Comment l’évolution de la réglementation et les dernières innovations ont créé l’orchestration des paiements.
Il n’y a pas si longtemps, faire ses courses était une démarche assez basique : on choisissait un article, puis on le réglait en espèces, par chèque ou par carte bancaire avant de partir avec nos emplettes. Aujourd’hui, les consommateurs sont confrontés à un éventail impressionnant de modes de paiement, qu’ils effectuent leurs achats en magasin ou sur Internet.
L’augmentation rapide du nombre des prestataires de services de paiement (PSP) et des options de paiement a été dans une large mesure impulsée par la réglementation. La deuxième Directive sur les services de paiement (DSP2), par exemple, qui réglemente et harmonise les services de prestations des paiements et les services d’information sur les comptes, visait à encourager l’innovation et à faciliter l’adoption des nouvelles technologies dans le secteur bancaire. Cet objectif a été largement atteint : entre 2018 et 2019, les moyens de paiement plus rapides ont vu leur volume augmenté de près de 20 % au Royaume-Uni, et selon le rapport Digital Payments de Statista, la valeur totale des transactions de paiements numériques dans le monde augmente d’environ 13 % par an.
La migration des systèmes de paiement du monde entier vers la norme ISO 20022 régissant l’échange de données a également accéléré la transformation du secteur des paiements. SWIFT estime que 80 % des paiements importants en matière de volume et 90 % en matière de valeur migreront vers la norme d’ici à 2023.
La clé réside dans les données complètes et structurées intégrées aux paiements ISO 20022, qui peuvent fournir un aperçu précieux de la façon dont les particuliers et les entreprises dépensent leur argent. Pour les entreprises conscientes de l’importance des données, la valeur de ces données compense largement le coût du traitement des paiements. Mais ces données ne vous seront pas d’une grande utilité si elles ne sont pas saisies correctement par les clients, c’est pourquoi il est important d’adopter des outils de validation automatisés des données de paiement.
Nous n’en sommes encore qu’aux balbutiements de l’innovation en matière de paiements. Les paiements intégrés, tels que les solutions de paiement intégrées dans des applications comme Uber, sont déjà bien implantés, mais leur utilisation pourrait exploser, car les fournisseurs de services incitent de plus en plus les commerçants à proposer leurs propres services de paiement.
Le service de messagerie sécurisée « Request to Pay », lancé en 2020 au Royaume-Uni, a vu son expansion freinée par la pandémie, mais pourrait gagner en popularité quand le monde sortira de cette crise. Ce service est prometteur et, s’il gagne du terrain, pourrait permettre aux petites entreprises et aux indépendants d’être payés plus rapidement tout en améliorant leur trésorerie et en réduisant les frais de transaction. En résumé, le processus de paiement ressemble de plus en plus à un moteur de recherche menant à des opportunités commerciales ou à de nouvelles perspectives d’activité. Par exemple, un paiement au point de vente déclenche l’utilisation de données dont les informations peuvent servir à étudier l’accès à un service de crédit. Des entreprises innovantes s’impliquent à chaque étape du flux de paiement afin d’exploiter la valeur des données saisies pour développer des services à valeur ajoutée. Sans surprise, le nombre de ces nouveaux acteurs augmente tous les jours !
L’éventail croissant des modes de paiement a fait naître une nouvelle expression et un nouveau concept : l’orchestration des paiements. Les plateformes d’orchestration des paiements permettent à un PSP de recommander ou de définir l’option de paiement la mieux adaptée aux besoins de l’utilisateur ou du commerçant (par exemple, une option coûtant un peu plus cher, mais qui permettra que l’argent arrive plus vite à destination). Ce concept est né du besoin des commerçants d’offrir à leurs clients la meilleure expérience possible dans un marché de plus en plus concurrentiel, tout en maîtrisant leurs coûts.
L’orchestration des paiements se développe rapidement, ouvrant la voie à une meilleure exploitation des données via des tableaux de bord, des rapports et des analyses. L’un des aspects intéressants de cette tendance est que les plateformes d’orchestration mettent en avant les performances de certains fournisseurs de paiement, soulignant ainsi la nécessité de trouver le juste équilibre entre conformité, sécurité et service rendu au client.
À vrai dire, toute solution de paiement capable d’offrir un moyen économique et pratique d’envoyer et de recevoir de l’argent ne peut qu’attirer l’attention des utilisateurs et acteurs du marché. Mais la sécurité reste la préoccupation numéro un et sur ce marché, elle doit être assurée sans nuire à la rapidité du service.
Les obligations de conformité doivent être respectées, et les titulaires de compte et les coordonnées bancaires doivent être validés, quel que soit le mode de paiement. C’est pour cela que le contrôle automatisé est un levier essentiel pour accélérer l’innovation du secteur des paiements, et qu’une étroite collaboration entre les institutions financières et les fintechs est aujourd’hui indispensable à leur réussite durable.